Mes parents insistèrent pour nous conduire jusqu'à la gare. Mon frère et ma soeur ne protestèrent pas, et je fis de même. Toute la famille était de sortie, honte assurée. J'enfilais lentement mes vêtements moldus et me contemplais dans le miroir. Je ne savais que si c'était moi qui perdait les pédales, mais j'avais l'impression que mon reflet avait changé. Peut-être était-ce dû à ces yeux toujours un peu bouffis ou à ces cernes mauves qui s'étalaient sur ma paupière inférieure ? J'avais l'impression que le vert de mes yeux avait terni, que ma peau était grisâtre. Je passai la main sur ma joue, ne ressentais pas la différence. Non, le changement n'était pas physique. Il était psychologique. Après ce qui s'était passé cet été, c'était sans doute normal...
Sophia était la petite amie de Josh, mon amie également. Sa mort m'avait bouleversée, mais j'étais certaine que ce n'était rien comparé à la peine qu'éprouvait mon meilleur ami. Il l'avait tant aimée, avait tant rêvé. Tout ce qu'il avait souhaité et cru avoir venait de lui être arraché des mains. Je comprenais sa détresse, son désespoir. Je le comprenais, je la ressentais aussi. Sophia trainait souvent avec nous, j'étais devenue très amie avec elle, mais malgré tout, j'avais l'impression d'avoir toujours su que ça arriverait. C'était trop beau, c'était trop parfait. Le bonheur n'est pas éternel.
L'arrivée de Josh me sortit de mes pensées. Aaron et moi parlions avec d'autres Gryffondors de Sophia et les autres. Lorsqu'ils le virent arriver, ils s'en allèrent. Je ne les regardais même pas s'éloigner. Tout ce qui comptait c'était la présence de mes deux meilleurs amis. Je me souvenais de quelque chose que j'avais dit le jour où nous avions appris sa mort. «Il va falloir qu'on soit forts.» Ce n'avait peut-être pas été ces mots-là, mais l'idée y était. J'avais l'intention de suivres mes propres conseils.
Je me jetais littéralement sur Josh et le serrais fort dans mes bras. Il avait beau habiter dans la même rue que moi, je ne l'avais pas vu souvent pendant l'été, et sa présence m'avait terriblement manqué. Lorsque Sophia était morte, nous étions tous les trois chez les Hadisson. Notre étreinte dura cinq bonnes minutes, et à contre coeur, je le laissais dire bonjour à Aaron.

▬ Je suis désolé que nous n'ayons pas pu partir en vacances ensemble cette année.
▬ Ce sera pour l'an prochain.

Je leur emboîtais le pas pour monter dans le train. Un compartiment vide avait l'air de nous crier de venir, et nous entrâmes à la file indienne en refermant la porte à clefs derrière nous. Josh s'assit, silencieux. Je m'installais près de la fenetre, Aaron à coté de Josh. Je le regardais avec insistence pour qu'il engage la conversation, mais il n'en fit rien. Au final, personne n'ouvrit la bouche pendant une bonne demie-heure. Le train s'ébranla et les adieux retentirent dans le couloir. J'avais un peu honte de ne pas faire signe à mes parents. Après tout, je n'allais sans doute pas les revoirs avant Noël.

▬ Aaron, tu as pris à manger ?

J'avais finis par parler. Josh ne nous écoutait même pas, et nous nous arrêtâmes vite de discuter. L'air était pesant et on eût dit qu'un nuage noir stagnait au-dessus de nos têtes. Je collais mon front à la vitre et regardais défiler le paysage. Finalement, je m'endormais, et mes rêves furent peuplés de Détraqueurs et de serpents géants. Mes rêves n'avaient souvent aucun sens. La douce voix de Josh me réveilla.

▬ Vous avez entendu parler du nouveau directeur ?
▬ Bien sûr. Nous l'avions en Sortilèges l'année dernière.

La conversation en resta là. Josh s'empara d'un magazine, et il le jeta aussitot à terre. Je regardais la couverture. Souriant, Owlsey faisait des signes au photographe. J'en eu des hauts-le-coeur. Pourquoi ne parlait-on que de lui, à la fin ?! Il n'avait pas été seul, tout de même. Etait-ce simplement parce qu'il était célèbre ?

▬ C'est pas possible, ils ne parlent que d'Owlsey. Merde ils sont 4 à avoir disparus !
▬ Il semblerait qu'ils ne conçoivent pas que les inconnus puissent avoir une vie de la même valeur qu'un abruti dont la famille est pleine aux as.

Ma voix, haineuse et bourrée de reproche, claqua dans l'air. Je ne prononçais pas souvent des insanités, mais ces insensibles de la Gazette du Sorcier et des autres magazines le méritaient. Depuis un mois, je ne lisais plus aucun article journalistique, je me cantonnais dans ma chambre et j'écoutais de la musique larmoyante. Sophia me manquait.

HJ : Han t'écris trop bien, j'ai honte par rapport à toi >_<''


▬ Il semblerait qu'ils ne conçoivent pas que les inconnus puissent avoir une vie de la même valeur qu'un abruti dont la famille est pleine aux as.

Josh ne répondit pas, mais le regard qu'échangèrent les deux amis leur fit comprendre qu'ils éprouvaient la même colère à l'égard des médias et du père Owlsey, qui donnait une interview quasiment chaque jour, semblant apprécier avoir le monopole de tous les magazines, bien que, et Josh n'en doutait pas, il aimait surement beaucoup son fils.
Le seul que l'on avait pas beaucoup entendu jusqu'à présent était Aaron. Le jeune Serpentard était dans la même maison que les quatre disparus, ce qui devait beaucoup l'attrister, étant donné qu'il les voyait tous les jours. Pourtant, il ne l'avait jamais vu pleurer depuis le mois dernier, lorsqu'ils apprirent la terrible nouvelle. Josh se doutait qu'il était aussi triste de leur mort que ses deux meilleurs amis, mais son caractère toujours à ne jamais dévoiler ses sentiments le pousse à refouler ses pleurs, ses angoisses, sa colère, qu'il gardait au fond de lui et qui, un jour ou l'autre, finiraient pas ressortir.
Josh contempla une nouvelle les horizons. Les montagnes et les vallées que le train traversait annonçait qu'ils venaient d'entrer en Écosse, ce qui voulait dire qu'ils n'étaient plus très loin de leur destination. Pourtant, le soleil qui avait fait son apparition plus tôt dans la journée ne semblait pas décidé à se coucher, comme s'il voulait encore sécher les flaques que la pluie avait causée quelques heures auparavant.
Le rouge & or changea de position et replia ses jambes contre lui, n'hésitant pas à tâcher la banquette de ses chaussures pleines de terre. Après avoir examiné Aaron, ce fut au tour d'Abygail de se faire dévisager. Malgré qu'elle soit en pleine lecture d'un magazine posé sur la table, on remarquait beaucoup ses yeux rouges et bouffis qu'elle avait essayé de cacher le matin-même mais les effets du sortilège semblaient diminuer d'heures en heures, preuve que la concentration et l'envie n'y étaient pas. Elle aussi avait souffert de la disparition de Sophia. Elle s'était liée d'amitié avec elle et avait senti, tout comme Josh, que quelque chose n'allait pas ces derniers temps, les deux meilleurs amis s'étaient confiés sur ce sujet plusieurs fois avant la fin de l'année... Si seulement il avait été plus à l'écoute, si seulement il avait plus insisté...


▬ Je n'arrive pas à me souvenir de ce que je faisais lorsqu'elle est... Il avait brisé le silence avec un tel aplomb qu'Aby releva sa tête de son magazine comme si elle sortait d'un mauvais rêve, et Aaron avait tressallit à l'écoute de cette déclaration.

Il les écouta lui parler de cette disparition qui les tourmentait également, pendant une bonne heure. A quoi bon se voiler la face et faire comme si de rien n'était, puisque le sujet était omniprésent, et qu'ils allaient surement en reparler au banquet en arrivant... A cette idée, Josh sentit un malaise monter en lui. Il savait que tout le monde se retournerait sur leur passage, se taperait du coude ou chuchoterait même des choses dans l'oreille de leur voisin, ils l'avaient bien constaté à la gare en arrivant. Mais ce n'était pas sa préoccupation première ; il ne voulait absolument pas que les professeurs le sollicite en lui proposant de se confier, de parler de ses angoisses, de ses cauchemars... Il n'avait aucune envie que d'autres gens à part ses deux meilleurs amis soient au courant de ce qu'il endurait, bien que c'était assez difficile à imaginer, à moins d'avoir déjà vécu cela.
L'heure était passée très vite et un nouveau silence s'installa, durant lequel Aaron avait décidé de revêtir sa robe de sorcier, comme pour signaler sa présence et qu'il était toujours là. Josh n'avait pas tellement envie de remettre l'uniforme de Poudlard, il avait même hésité à y revenir cette année. Ses parents l'avait un peu obligé en le rassurant qu'il reprendrait très vite ses repères, mais les souvenirs remontaient de plus en plus chaque minute qui passait et leur arrivée au château ne fera qu'empirer les choses.
Comme pour chasser ces idées de sa tête, il attrapa la robe qui lui appartenait et se changea dans le compartiment, ses deux meilleurs amis l'ayant déjà vu en caleçon plus d'une fois. Ils se connaissaient par cœur, et c'était surement pour cela qu'ils se comprenaient si bien.

▬ Qui remplacera Shepperd, à votre avis ?

▬ Aucune idée. La presse n'a parlé de lui qu'après la mort de Mcgonagall début juillet, et la disparition d'Owlsey a fait la une jusqu'à maintenant. Maintenant, même les trolls cachés au fin fond des montagnes doivent être au courant.

Josh venait de finir de revêtir l'uniforme de Poudlard. L'insigne de préfet apposé un peu plus haut que le blason de Gryffondor lui rappelait seulement maintenant qu'il devrait une nouvelle fois accompagner les premières années dans la salle commune en compagnie d'Abygail, chose qu'il avait horreur de faire étant donné les questions incessantes des nouveaux arrivants à l'école. Tout en se demandant s'il faillirait à sa tâche après le banquet, Il se rassit à sa place, en face de ses meilleurs amis.
Le soleil se couchait enfin et les lumières s'allumaient de toutes parts dans le train. Il devait rester deux heures maximum avant leur arrivée à Poudlard et Josh appréhendait fortement ce moment, bien qu'il voulait fuir l'ambiance du compartiment, cette atmosphère si pesante et embarrassante. Adossé la fenêtre, il ferma les yeux une nouvelle fois et se remémora tous les souvenirs qu'il avait des voyages dans le Poudlard-Express avec Sophia. Il se rendit compte qu'ils n'avaient été tous les deux qu'à de rares occasions dans le train, et qu'ils avaient passé leur dernier trajet à dormir. Il aurait voulu lui dire tant de choses, lui poser tant de questions, mais rien que de penser à ces choses-là lui firent verser une larme. Puis deux. Puis ce fut son visage tout entier qui fut recouvert par les pleurs, en silence. Il détournait la tête mais Aby ne tarda pas à fermer son bouquin et le rejoindre, l'air compatissant. Aaron, lui, semblait embarrassé et ne savait que faire, impuissant face à la tristesse de son meilleur ami. La présence de la lionne lui procurait un certain réconfort, il savait qu'elle était devenue indispensable à sa vie et si jamais il lui arrivait quelque chose, il ne s'en remettrait jamais.
Un quart d'heure avait passé. Le serpentard avait finalement décidé de se rendre dans le couloir pour prendre l'air et les laissa seuls tous les deux. Josh avait fini par enlacer étroitement sa meilleure amie qui semblait pleurer également, bien qu'il en soit incertain. Les minutes passaient, et le silence s'installa une nouvelle fois. Ce n'était pas un silence normal, c'était un silence plein de mots, dont les deux Gryffondors connaissaient eux-seuls les phrases, telles que « je serais toujours là pour toi » ou encore « je ne veux pas que tu sois malheureux ». Mais au bout de quelques minutes, Josh, dont le visage était baigné de larmes et les yeux rouges comme ils ne l'avaient jamais été, prononça ses premières paroles depuis une heure environ.


▬ Je l'aimais tellement...

A quoi bon éviter le sujet, à quoi bon se voiler la face, puisque les deux partageaient le même point de vue. Dans un deuil aussi difficile, ils ne pouvaient que se comprendre et partager leur douleur commune, aussi dure soit-elle. Tandis qu'ils resserraient leur étreinte, Josh étouffa un sanglot contre l'épaule de sa meilleure amie, il ne pouvait le contenir. Toute la colère, toute la tristesse qu'il avait accumulée depuis le mois dernier venait d'exploser et Aby était la meilleure personne qui puisse le comprendre. Elle lui chuchota des mots gentils à l'oreille, mais il ne les entendait pas. A cet instant, rien d'autre que l'image de la défunte serpentard occupait ses pensées, et c'est à ce moment là qu'il se rendit compte que son absence lui procurait une sensation de vide total dans sa vie ; une étape douloureuse du deuil.
L'ouverture de la porte du compartiment les délia subitement et Aaron apparut à l'entrée, occupé à la fermer à clefs. Lorsqu'il se retourna, il mit un temps à aller s'assoir, contemplant les visages rougis par les larmes de ses meilleurs amis. Il leur adressa un regard compatissant, un regard qui ne trompait pas. Il était évident qu'il souffrait également de la perte des serpentard, et son comportement face à cette épreuve valait aussi bien qu'Abygail, aux yeux de Josh. Chacun porte son deuil différemment, certains mettent du temps, d'autres ont besoin d'en parler, d'autres se referment sur eux-mêmes. Il s'assit en face d'eux et colla sa tête son la fenêtre, à côté de sa meilleure amie qui venait de reprendre sa place. Pour éviter de repenser à des choses aussi désagréables qui avaient causées la parte du contrôle du jeune gryffondor, il relança la discussion sur un sujet banal auquel ses amis participèrent sans grand intérêt, juste histoire de se changer les idées.

J'avais collé mon front contre la vitre et je regardais défiler les arbres. Nous étions en pleine foret et il faisait nuit noire. Je devais me concentrer pour discerner les troncs et les branchages que la nuit avait coloré d'un millier de nuance de gris. Tout était flou, à cause de la vitesse à laquelle se déplacait le train. Mais j'essayais quand meme, juste pour me vider la tete.

Je tournais légèrement les yeux pour regarder Josh. Dos à la fenetre, il avait fermé les yeux et quelque chose brillait sur sa joue. Tout d'abord, je ne bougeais pas. Mais dans les secondes qui suivirent un torrent de larmes vint accompagner la solitaire et je me levais pour m'asseoir à coté de lui et l'enlacer. Je l'avais déjà vu pleurer, mais jamais pour pareille raison. C'était trop affreux de le voir malheureux seul dans son coin. Je préfèrais mille fois partager sa peine. Au début, je ne pleurais pas. Mais l'eau qui vint tremper mon uniforme ouvrit les vannes et je me mis bientot moi aussi à pleurer.

Pleurer n'est pas un acte de faiblesse. Du moins, pas pour moi. C'est juste un moyen d'évacuer sa peine et de se sentir mieux. Plutot un acte de courage qu'autre chose. Cacher ses sentiments, c'est simple. Les montrer à qui de droit, c'en est une autre. Jamais je ne me moquerais de qui que ce soit entrain de déverser sa douleur, jamais. Parce que moi aussi, il faut que je le fasse.

Aaron finit par sortir. Je le comprenais, il ne portait pas le deuil à notre façon. Nos larmes l'éttouffaient et le faisait culpabiliser. Parce que lui, il ne pleurait pas, alors il se disait qu'il n'était pas assez triste, que nous ne méritions pas d'un insensible comme meilleur ami. Mais il avait tout faux, jamais nous ne le laisserions tomber, tout comme je ne laisserais jamais tomber Josh. L'amitié gagne toutes les batailles.

Je frottais le dos de Josh pour appaiser ses sanglots. Je les entendais, à présent, et je ne cessais de lui dire que ça allait aller, que nous étions là les uns pour les autres, et d'autres choses qui me passaient pas l'esprit. Je savais qu'il savait que je le réconfortais avec mes paroles. J'étais moins sure qu'il le entendait et les comprenait. Lorsque Josh pleure, il ne comprend plus rien.

Aaron rentra, après un petit quart d'heure. Je lachais Josh, le regardais de mes yeux bouffis et allais m'asseoir aux cotés d'Aaron, qui devait se sentir seul. Je le pris par l'épaule et enfouissais ma tete dans son épaule, pour essuyer mes yeux mais aussi pour le réconforter à son tour. Je savais qu'il souffrait aussi. Pendant que Josh entamais une discution ennuyeuse et sans interet, je regardais par la fenetre à la recherche des lumières de Poudlard. Nous allions marcher dans les couloirs qu'avait arpenté Sophia, mais c'était mieux que de croupir dans un train qui semblait encore impregné de son odeur délicate.

Je les vis enfin. Je me levais, attrapais ma valise et sortais dans le couloir. Josh et Aaron me suivirent et nous descenames l'un derrière l'autre sur le quai. Aaron à ma gauche et Josh à ma droite, nous marchions silencieusement vers les diligences. Une chose était certaine : cette année n'allait pas etre comme les autres.

Cela faisait un petit moment que les larmes du Gryffondor s'étaient éteintes, laissant de fines traînées rougeâtres sur son visage marqué par la tristesse. Depuis qu'Aaron était rentré, il avait entraîné la discussion sur un sujet banal, dont ses amis eurent du mal à cacher leur ennui. Josh décida donc d'abandonner au bout d'un quart d'heure, le silence était peut-être une solution, après tout. De toutes façons, il distinguait déjà les lumières allumées de la forteresse légendaire au loin dans la pénombre, et contempla le paysage un bon moment par la fenêtre où de légères gouttes de pluies avaient mouillé la vitre. Les montagnes et les vallées qui se succédaient n'avaient pas bougé, rien ne semblait avoir changé. En fait, on aurait pu qualifier cette pensée dans la tête de Josh de bizarre ; mais ils avaient vécu dans un tel changement du monde magique au cours du dernier mois que le retour à la vie « normale » semblait impossible. Mais ce ne serait pas une vie normale. Ce ne serait pas une rentrée paisible comme les années passées. Le Gryffondor le savait, l'absence de sa petite amie lui provoquerait encore beaucoup de sanglots avant un long moment et il se doutait que c'était le deuil qui se mettait en place, petit à petit. Personne ne se doutait pourtant des évènements qui allaient se produire à Poudlard cette année...


« Vous n'avez pas faim ? »

Brisant le silence, il avait dit ça avec un tel aplomb qu'Aaron détourna brusquement la tête de la fenêtre et Abygail se releva soudainement de l'épaule du serpentard où sa tête avait trouvé réconfort. Tandis qu'ils lui répondaient, les trois meilleurs amis se sourirent. C'était le premier depuis beaucoup trop longtemps. Les liens qui les unissaient étaient beaucoup trop forts, tout comme Abygail, Josh ne pourrait jamais se passait d'Aaron. Ils étaient inséparables, et cette tragédie ne fit que les rapprocher. La conversation qui s'en suivit fut aussi banale que la précédente, mais ils sentirent que, pour une fois, la sensation d'ennui avait laissé place au bonheur et à l'aisance.

Le château se rapprochait de plus en plus. Bientôt, on distingua son reflet dans le lac noir et Josh crut même apercevoir une des tentacules du calmar géant sauter à la surface, faisant onduler l'eau si calme auparavant de la gigantesque étendue marine. Poudlard avait toujours été comme une seconde famille pour le Rouge & Or, c'était là qu'il avait développé ses pouvoirs, là qu'ils s'étaient promis, avec Aby et Aaron, de rester amis jusqu'à la fin des temps, là qu'il avait rencontré Sophia... Jamais il n'avait hésité une seule seconde à retourner dans la forteresse légendaire qu'il chérissait par-dessus tout. Retourner dans ces couloirs lui procurait bien sûr une certaine appréhension, mais avec le temps, il savait que cette sensation s'apaiserait. Le ralentissement puis l'arrêt du train l'interrompirent dans ses pensées. Ils étaient arrivés. Josh échangea un regard avec ses meilleurs amis, puis déglutit difficilement. Il savait qu'ils le comprenaient, puisqu'eux aussi ressentaient la même chose.


« Il est temps d'y aller » déclara-t-il après plusieurs minutes.

Ils étaient restés à l'intérieur un bon moment, si bien que le couloir du train étaient désert. Au dehors, le martèlement de la pluie sur les vitres et les bruits sourds que l'on entendait au loin dans le ciel annonçaient un orage à proximité. Josh resta plusieurs secondes bloqué sur la poignée de la porte, ce dernier obstacle qui les séparait de l'école. Ce fut avec soulagement qu'il sentit les mains d'Aby et Aaron se refermer sur la sienne. Ils étaient prêts maintenant. Prêts à affronter leur nouvelle vie. D'un geste sec, ils ouvrirent ensemble la porte du Poudlard-Express et se retrouvèrent très vite couverts de pluie de la tête au pieds.

La boue les obligea à se dépêcher de regagner les derniers élèves qui attendaient, entassés les uns sur les autres, sous le petit préau de la gare, qu'une carriole vienne les chercher. Beaucoup de regards se tournèrent vers eux, mais Josh s'y était préparé et ignorait complètement ceux qui se tapaient du coude en les regardant avec compassion. Ce fut la dernière carriole qu'ils se décidèrent à prendre, heureux de ne toujours pas apercevoir les squelettiques Sombrals qui les tiraient. Dans quelques minutes, ils arriveraient à Poudlard.

Il était 21h30 lorsqu'ils franchirent les portes du hall d'entrée. A cet instant précis un mois auparavant, Sophia avait été frappée du sortilège de mort. Sa dernière pensée fut pour son petit ami, et soyez certains qu'il fit de même en arrivant au château... Cette fois-ci, main dans la main avec ses deux acolytes sans qui il n'aurait pu surmonter cette douloureuse épreuve.