L'enterrement

**─ Maître du Jeu ─** ─ Non Player Character ─

Cela faisait deux semaines que le banquet d'Halloween avait eu lieu et pourtant, personne n'oubliait les tragiques événements qui s'y étaient déroulés. Élèves, professeurs, aurors, aucun d'entre eux ne semblait apte à reprendre sa vie tranquillement et le visage de la jeune fille flottant dans les airs restera gravé dans la mémoire des habitants pour un très long moment.

Ce matin-là, les étudiants étaient debout de bonne heure. Pas à cause des cours ; c'était un samedi. Mais plutôt car aujourd'hui, c'était l'enterrement de la défunte serdaigle. Le moral des troupes n'était décidemment pas au beau fixe...

Non loin de la tombe blanche d'Albus Dumbledore, illustre sorcier du XXe siècle, des dizaines de chaises étaient parfaitement alignés en deux rangées égales. Au milieu, une allée délimitait les deux rangs grâce à un tapis rouge, dont la lumière du soleil illuminait sa couleur. Au bout du chemin, une petite estrade où se trouvait un unique pupitre surplombait les chaises vides. Mis à part le chant des oiseaux, il n'y avait aucun bruit. Du moins, pour le moment.

Il était près de dix heures lorsque les premiers élèves firent leur apparition dans ces lieux. Les directeurs de maisons étaient venus les chercher dans leur salle commune et ils avaient traversé le château en silence. Même les tableaux semblaient avoir pressenti ce qui allait se passer. Les étudiants prirent place dans les rangs de devant, tout en veillant à laisser les deux premiers vides ; ils étaient réservés à la famille et aux professeurs. Les aurors étaient occupés à quadriller le secteur et à surveiller les entrées dans le domaine. Petit à petit, les centaines de chaises alignées se remplirent de gens venus rendre un dernier hommage à la défunte. Enfin, lorsque onze heures sonna, les aurors firent leur apparition et la cérémonie commença.

Une douce musique s'éleva d'on ne sait où, et les diverses conversations se turent. Un homme vêtu de noir s'avança le long de l'allée et se hissa péniblement sur l'estrade pour que tout le monde puisse le voir. Après plusieurs secondes, il prit place devant son pupitre et, lorsqu'il prononça les premiers mots de son discours, la musique disparut.

Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, nous voici aujourd'hui réunis pour rendre hommage à une jeune fille pleine de talent dont la mort nous a tous terriblement attristés. Je ne reviendrais pas aujourd'hui sur les terribles événements qui se sont produits lors du banquet d'Halloween, aussi nous allons d'ors et déjà observer une minute de silence avant de reprendre la cérémonie.

Plus aucun bruit ne vint interrompre le silence qu'il venait de se produire. Têtes baissées, les personnes présentes à la cérémonie ne dirent plus un mot. Même Peeves, présent au milieu des fantômes translucides, n'avait pas le cœur à rire.

Merci à tous. Je vous prie maintenant de bien vouloir vous lever avant la dispersion des cendres dans le lac...

Tandis que la famille et quelques élèves - à Serdaigle, notamment - sanglotaient bruyamment, le Garde-Chasse qui était assis au dernier rang traversa l'allée lentement, une urne dans les mains. La musique recommença à jouer, alors que de plus en plus de monde se mettait à pleurer. Arrivé au bout de l'allée, l'homme qui célébrait la cérémonie descendit de son estrade, et, en compagnie de la famille, se dirigea vers le lac... Alors que de gros nuages faisaient leur apparition et cachaient le magnifique soleil qui illuminait le ciel quelques secondes auparavant.

**─ Admin & Elève ─** ─ Sixième Année ─

Citation :

La Serdaigle relut une dernière fois sa lettre, sa mère était d'une nature inquiète, pas besoin de lui expliquer qu'elle s'était faite attaquée, qu'une élève était décédée, qu'un journal anarchiste s'était créé et que durant le banquet d'Halloween des évènements horribles s'étaient produits, tuant une autre élève. Non, il ne valait mieux pas qu'elle le sache. Car bien qu'elle soit moldue, il était évident qu'elle comprendrait la gravité de la situation et la ferait rentrer immédiatement. Esmeralda, après s'être faite agressée, elle et trois autres camarades, avait commencé à avoir peur. Peur qu'il revienne. Mais en réalité, elle n'essayait pas de fuir la mort, juste de rester en vie. Elle était la seule famille de sa mère, sans la jeune sorcière, il était évident que sa génitrice ne s'en sortirait pas et jamais, à son âge et en vu de sa fierté, elle ne retournerait chez ses parents. Elle soupira, inséra le papier griffonné, elle devait l'avouer, un peu rapidement, dans l'enveloppe où le nom de la destinataire était déjà inscrit. La bleue et bronze siffla ensuite, son hibou, habitué à son signal, ne tarda pas à se poser sur son épaule. Celui ci saisit la lettre et s'envola à tire d'ailes par la fenêtre. La demoiselle le regarda jusqu'à ce qu'il ne devienne qu'un minuscule point au loin.

Esmée s'était levée plus tôt que l'heure qui avait été exigée, pour envoyer ce mot et y réfléchir. Bien qu'il s'agissait d'un samedi, une heure avait été donné à tous les élèves, en vu de l'enterrement d'une de ses camarades de maisons. Ce qui lui était arrivé était une des morts les plus horribles qu'on puisse imaginer. La sorcière frissonna malgré la température ambiante qui régnait dans la volière et se décida finalement à se rendre à la cérémonie. Le pire, c'est qu'elle la connaissait, cette Bleu et Bronze. Vaguement, certes, mais elle l'avait déjà aidé pour un devoirs.

Une fois rendue prêt de la tombe de l'ancien et plus célèbre directeur de Poudlard qu'il fut, elle ne détailla même pas l'installation qui avait été préparé et s'assit à une chaise au hasard. En cette situation, il serait honteux de chercher quelqu'un du regard pour aller aborder une conversation normale. Et, de toute façon, elle était une des premières arrivées. Ils n'étaient que quelques uns ne s'y étant pas rendus avec le reste de leur maison. Elle était sortie discrètement de la salle commune et tenait vraiment à rassurer sa mère qui devait être morte d'inquiétude par le manque de nouvelles de sa fille. Les autres arrivèrent rapidement, suivant leur professeur principaux. Esmeralda essaya de fondre dans le décor quand celui de sa maison passa prêt d'elle.

La lourde cloche qui surplombait le château sonna onze heure et une musique fit taire les bavardages qui s'étaient créé. Un court discours fut ensuite récité, dont la jeune fille, perdu dans ses pensées, n'en retenu pas un traître mot. Elle était trop occupée à plaindre la famille de la défunte qui, au premier rang, semblait verser toutes les larmes de leurs corps. Après une minute de silence, que la disparue méritait amplement, l'homme reprit la parole et l'assemblée se leva tandis que le garde chasse passait par l'allée centrale, l'urne contenant les cendres de la malheureuse entre les mains. Rythmé par cette musique, qui même en temps heureux aurait pu plomber une ambiance de fête, les élèves et autres personnes de Poudlard arrivèrent en face du lac et on aurait dit que même le temps avait décidé de montrer sa peine. Et dire qu'après ça, certaines personnes osaient affirmer qu'il ne se passait rien.

**─ Elève ─** ─ Sixième Année ─

Elle était morte. L'assassin l'avait eu comme il avait eu ma pauvre Prune. Elle et sa grande gueule! Elle avait toujours le don de dire ce qu'il ne fallait pas dire. Elle était bête, seigneur! Si elle se l'était fermée, elle serait peut-être encore en vie!

Je me repliai sur moi-même, ramenant mes jambes sur mon ventre. J'étais assise sur le rebord de la grande fenêtre de la tour des Gryffondors. Je ne me souvenais plus exactement depuis combien de temps j'étais là. Peut-être à peine une vingtaine de minutes, mais j'avais l'impression qu'une éternité s'était écoulée depuis qu'ils avaient commencés la cérémonie. Même si ma visibilité était réduite à cause du vitrail majestueux qui constituait la fenêtre. La vitre glacée et teintée de toutes sortes de couleurs m'empêchait de voir toute la cérémonie. Pourtant, je pouvais déjà bien imaginer à quoi ça ressemblait. Une urne contenant la défunte Serdaigle, des textes poétiques et des sorciers marchant au rythme de la musique funèbre. Comment avions-nous pu tomber aussi bas? Combien d'élèves devaient mourir avant que ce soit assez important? J'imaginais encore toutes ses rumeurs qui disaient que les journalistes du Journal de Poudlard étaient des fous furieux qui ne se servaient que de ce prétexte pour semer l'anarchie. Je restais toujours assez passive sur ce sujet, haïssant de plus en plus ces petits vauriens qui lançaient ces rumeurs infondées. Nous faisions ce que nous avions à faire. Ce les aurores et la direction, eux, ne font pas.

En ayant assez de me morfondre à regarder la cérémonie, j'ai décidé de descendre et d'aller peut-être me chercher quelque chose à manger, dessiner un arbre, n'importe quoi! Du moment que je changeais de pièce. Frapper quelqu'un était aussi dans mes options, mais j'imaginais que je pourrais m'éviter une retenue cette semaine. J'avais une réunion important pour le journal, et la manquer pour une stupide retenue serait… stupide! Je me dirigeai donc vers les cuisines, histoire d'aller déranger les cuisiniers et leur voler quelques muffins à la citrouille. Je descendis les marches, rencontrant quelques Gryffondors au passage. Rares sont ceux qui ont osés me saluer. J'avoue que je n'avais jamais eu de si bons rapports avec autrui. Même si je ne voulais pas nécessairement bien faire, j'avais vite compris qu'il m'était très difficile de garder des amis. Il y avait bien Claes, même Claire. Mais seuls ceux du journal pouvaient connaître ma fureur, ma rage. Ils en profitaient avec joie et me mettaient souvent en avant pour la plupart des missions. J'étais volontaire, discrète, mais sans pitié. Je n'ai aucune honte à avouer que je me suis déjà servis de mon "don" de transformation pour me tirer d'affaire. Tous les coups sont permis.

J'arrivai finalement à une sorte de couloir à aire ouverte, me permettant de voir une dernière fois la cérémonie avant de me rendre aux cuisines. Le Garde-chasse s'avançait vers le lac accompagné d'une douce musique. La plupart des élèves étaient des Serdaigles, mais je fus surtout étonnée de voir le nombre de sorciers réunis. Je compris bien vite que ma place n'était pas là. J'avais l'habitude d'aller pas mal où je voulais, mais j'avais décidé de m'abstenir aujourd'hui. Je ne ressentirai même pas le plaisir de déranger. Je restai ainsi quelques instants à l'écart, fulminant à l'idée de devoir peut-être revivre cette situation une fois de plus. Puis… L'esprit de recueillement c'était subitement envolé, laissant place à la terreur. Une explosion, des flammes bleutées, des cris et…

« Josh est dans la forêt ! »

Je ne savais plus où donner de la tête. Ma crinière suivant la couleur anormale du feu appuyait ce que je savais déjà: mon cœur battait à tout rompre. Je regardais autour de moi, cherchant un repère. Puis, je la vis, l'auteure du cri. Elle était suivie du professeur Rodriguez. Elles couraient vers la forêt, en direction du feu. Je ne sais plus qu'elle folie m'a prise, mais je suis partie à courir. J'appuyais sur chacun de mes pas pour me propulser de plus en plus vite. J'essayais d'atteindre la forêt plus près et les suivre à l'intérieur pour ne pas être interceptée pas un professeur. Je n'avais aucune idée de ce que je faisais. J'étais simplement obnubilée par le fait de devoir m'approcher de l'action. Je traversai le buisson qui me séparait de la forêt et continuai ma course à l'intérieur de la forêt, m'approchant dangereusement du feu. La musique mortuaire résonnait en écho dans ma tête créant une cacophonie insupportable. Il ne devait pas y avoir un autre mort. Ça devait se terminer aujourd'hui.

**─ Admin & Préfète ─** ─ Sixième Année ─

J'étais assise sur une chaise à peu près au milieu de la foule. Je regardais mes mains, serrées en deux poings blanchâtres. J'entendais à côté de moi la respiration mesurée de ma cousine, qui ne parvenait pas à détacher ses yeux des parents de la défunte. Sa poitrine se soulevait régulièrement, comme si elle faisait l'effort de ne pas éclater. Esmé était d'une nature sensible et douce. Elle supporterait mal les événements qui allaient se produire. Je n'étais pas médium, mais je sentais qu'une drôle d'atmosphère nous entourait. La pluie salée de cette nuit n'y était pas innocente, je suppose. C'était étrange, une pluie salée. Comme si l'eau de la mer se déversait en torrent sur le château. Je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. J'avais le terrible sentiment qu'il allait arriver le pire malheur qui ait secoué l'établissement magique dans lequel nous nous trouvions tous, naïfs et faibles, proies facile d'un énorme danger.

Mon estomac faisait des montagnes russes dans mon ventre. C'était douloureux mais prévisible. Cela arrivait toujours lorsque j'avais un mauvais pressentiment. Une musique s'éleva autour de nous, sans que nous puissions en voir la source. Je levais les yeux d'instinct pour voir s'avancer le garde-chasse de Poudlard dans l'allée centrale, portant une urne qui devait contenir les cendres de la malheureuse. Ses parents avaient insisté pour qu'elles soient dispercées dans le lac. Leur fille leur parlait souvent de l'étendue noire dans le parc de l'école, leur en racontant toujours avec humour que c'était là qu'elle voulait reposer. Apparement, elle avait une fâcheuse tendance à voir la mort partout. Pas étonnant que...

Le paysage se changea, après une détonation à réveiller les morts. Je sursautais et me levais, regardant vers la forêt. Quelle ne fut pas ma stupeur lorsque je vis d'énormes flammes bleues s'élever au dessus de la cîme des arbres ! Mon coeur fit un bond et sembla vouloir sortir de ma poitrine. Mon visage ne devait plus exprimer que la terreur pure. Avant que mon cerveau n'ait fait le rapprochement, j'avais déjà hurlé.

· JOSH EST DANS LA FORÊT !

Je m'élançais le plus rapidement possible vers la lisière des bois. Je devais arriver à temps, je devais le sauver, je devais mourir à sa place s'il le fallait. Mon meilleur ami... piégé dans les flammes, proche de la mort... Je ne pouvais pas le supporter. S'il mourait, je ne serait plus qu'une épave. Aby sans Josh n'était plus Aby. Aby sans Josh n'était plus qu'une coquille vide. Les arbres arrivèrent vite, et je faillis me fracasser sur leurs troncs plusieurs fois. Mais peu m'importait. Je savais où Liv et Josh faisaient leur retenue, il me l'avait dit.

J'entendis des pas derrière moi. Je ne me retournais pas. Quelle importance ? Ils n'avaient pas qu'à me suivre. Ils couraient vers une mort certaine, les imbéciles. J'étais égoïste au point de ne pas me retourner et de ne pas leur dire de s'enfuir. Je continuai à courir. Mes pas résonnaient sur le sol mouillé, faisaient splash splash avec une sensation désagréable à la plante des pieds. Là aussi, peu m'importait. Je vis apparaître devant moi les flammes. Au milieu, Josh et Liv dans un sortilège de Tête-En-Bulle. Mon coeur s'arrêta et je compris. Ces flammes n'étaient pas naturelles. La pluie de la veille non plus. Et ma transe dans la bibliothèque la nuit non plus. Enfin, cela, je m'en étais doutée. Mais que ces événements concordaient, je ne savais pas.

Je m'élançais dans les flammes sans réfléchir.