Nonchalamment, je m’étais appuyée contre le chariot qui contenait mes valises et j’avais jeté un coup d’œil au moldus qui passait sans me regarder. Je m’étais alors dirigé vers le mur entre la gare 9 et 10 et j’étais passée à travers, comme les cinq années auparavant. Je me demandais bien souvent comme cela se faisait que les moldus ne remarquent absolument rien. Ils n’ont vraiment pas un très grand sens de l’observation. Je sentis alors quelqu’un qui semblait me prendre dans ses bras. Je ne dis rien et je me contentai de serrer cette personne. C’était ma mère, comme d’habitude. Elle fit la même chose avec mes frères et mes sœurs. Moi, j’étais comme dans un autre monde. Ce que j’avais hâte d’entrer dans le grand train et d’entrer ensuite dans le château qu’était Poudlard ! Il devait être 10h40. On arrivait toujours très tôt, allez savoir pourquoi. Bizarrement, je m’étais levée du mauvais pied ce matin. Il y avait quelque chose qui me tracassait, mais le pire c’était que je ne savais même pas ce que c’était. Je me contentais de ne faire aucune remarque depuis que j’avais posé le pied sur le sol. C’était ma façon de montrer que j’étais de mauvaise humeur. Tout le monde l’avait compris et personne n’était venu m’embêter, ce que ça faisait du bien !

Après une dizaine de minutes, j’étais maintenant dans le grand train rouge qui devait partir bientôt. Je regardais dans chaque cabine à la recherche de personnes avec qui j’aurais envie de m’asseoir, ou, mieux encore, une cabine complètement libre. Habituellement, il n’y aurait pas été question de m’asseoir seule, mais ma mauvaise humeur semblait me changer complètement. Malheureusement, lorsque je passai devant une cabine où c’était installé quelques Poufsouffles que je connaissais et que je considérais comme mes amis, ils me firent signe de venir et je me décidai à m’y asseoir, sachant pertinemment que je ne trouverais jamais une cabine libre, même si j’étais la fille la plus chanceuse de l’univers. J’allai donc prendre place le plus près possible de la porte et je leur adressai un sourire, qui devait sembler un peu forcé.

Rares étaient les jours où je me réveillais de mauvaise humeur, mais lorsqu’ils arrivaient, je n’aimais plus personne et ceux que je n’aimais pas habituellement, je les détestais. C’était comme ça, heureusement que le lendemain, je retrouvais mon sourire habituel et je redevenais parfaitement normale. Je n’écoutais pas la conversation qui se racontait, je savais bien qu’ils racontaient tous leurs vacances et je n’avais pas envie de raconter les miennes. Je n’avais absolument rien fait de spécial. J’avais trainé dans ma maison et j’avais regardé le temps passé. Je m’étais détendue comme j’aimais si bien le dire, mais, en réalité, tout le monde savait bien que j’avais passé des vacances affreusement ennuyantes. C’était toujours la même chose à chaque année. La seule chose qui changeait, c’était que, plus les années passaient, plus je recevais de lettres. Au moins, j’avais l’occasion de pratiquer ma calligraphie…

Inconsciemment, j’avais appuyé ma tête contre le mur et le banc, en gros dans le coin, et j’étais sur le point de m’endormir. Les voix semblaient de plus en plus lointaines et j’avais l’impression d’entrer de plus en plus dans mes pensées lorsque j’eus comme un flash. Je rouvris aussitôt les yeux et je me relevai en regardant autour de moi. Je savais ce qui était censé me tracasser, tout d’un coup ! Je regardai tout le monde autour de moi, tous portaient leur robe de sorcier. Je décidai d’enfiler la mienne à mon tour et qu’ensuite, je règlerais ce fichu problème. Ce qui me tracassait était tellement futile que je m’en serais tapé le front d’être aussi idiote. J’avais été d’aussi mauvaise humeur simplement, car je devais poser des questions à une autre personne qui m’avait envoyé une lettre, que je n’avais pas comprise. C’était aussi idiot, c’était ça qui me tracassait depuis que je m’étais réveillée. Je poussai un soupir, comme pour me dire « ce que t’es bête ma grande ! » et, après avoir enfilé ma robe, je sortis de la cabine après avoir dit que j’avais un truc à régler aux autres Poufsouffles.

Un coup sortit de la cabine, je me sentis encore plus bête. J’ignorais où était cette personne et même que j’ignorais si elle était dans ce wagon. Je décidai de parcourir le couloir en croisant les doigts, puisque c’était le peu que je pouvais faire. Je pris la peine de me faire remarquer que ce n’était qu’une stupide lettre et que ça pourrait tout aussi bien attendre à Poudlard, mais je n’en démordis tout de même pas. Pourquoi est-ce que je me tracasserais encore avec ça ? Je marchai donc dans le couloir en regardant attentivement dans chaque cabine et en dévisageant chaque visage que je croisais. Je m’arrêtai alors lorsque je vis une Serdaigle de mon âge qui rattrapait le chariot de confiseries. Aussitôt, je m’aperçus que mon ventre grondait et je profitai de l’arrêt du chariot pour sortir le peu de noises que j’avais et je demandai des dragées surprises. Je dévisageai alors la jeune Serdaigle qui demandait des chocogrenouilles et je reconnus aussitôt Elizabeth Lower, une jeune fille qui avait tendance à m’énerver un peu. Il fallait avouer qu’elle était presque mon contraire et que la phrase « les contraires s’attirent » ne m’avait jamais correspondu. Par contre, d’un autre côté, elle était plutôt marrante. Je suis certaine que si je me forçais un peu, je m’entendrais très bien avec elle. Malheureusement, l’envie ne m’avait jamais prise de m’entendre avec elle. Je remarquai alors les chocogrenouilles qu’elle avait à la main et une question sortit de ma bouche avant même que j’y aie pensée…

« Je rêve ou tu as toujours des chocogrenouilles avec toi ? » demandai-je avec un léger sourire.

J’étais toujours d’aussi mauvaise humeur et je savais que j’allais bientôt continuer ma recherche, mais il n’en restait pas moins que je pouvais bien arrêter deux secondes de parcourir les couloirs de long en large. Je pris une dragée surprise du petit sac que je venais d’acheter et je la regardai avec attention. Elle était d’un joli rose, je la mâchai alors attentivement, tout en gardant mon regard sur la brunette en face de moi, et je goûtai aussitôt à de la noix de coco. J’adorais la noix de coco, c’était tant mieux pour moi.

Je goûtais la noix de coco et j’en profitais pleinement. J’adorais la noix de coco. Allez savoir pourquoi, mais elle me rappelait ma vie. Comme si la noix de coco était la saveur qui représentait le plus ma vie. Et c’était un peu vrai, en fait. Comment j’aurais aimé avoir un cocotier à moi lorsque j’étais enfant ! Puisque les noix de cocos, ca ne court pas les rues à Londres, figurez-vous. Encore moins à Poudlard. J’ignorais pourquoi, mais je n’avais jamais vu un seul repas qui contenait de la noix de coco. Enfin, généralement c’était plutôt des repas traditionnel. Je ne m’en plaignais pas non plus ! J’adorais les repas qui étaient servis à Poudlard. Ils étaient toujours délicieux malgré tout. Et puis pourquoi est-ce que je pensais à tout ca, maintenant ? Je m’étais lancée dans un débat mental, sans m’en apercevoir. Je trouvais toujours cela marrant les débats mentaux… Comme s’il y avait réellement deux personnes qui se lançaient des arguments…

La fille devant moi avait toujours des chocogrenouilles avec elle. Dès que je la croisais, je la voyais avec ces friandises. S’en était à se poser des questions. En fait, lorsque j’entendais certaines personnes parler d’elle, il la surnommait, souvent, la fille aux chocogrenouilles. Je comprenais ceux qui l’appelaient comme ça, mais je ne voyais pas l’utilité d’en faire autant. Je ne voyais rien à dire d’elle, de toute façon. Ce n’est pas comme si je la connaissais ou un truc dans le genre. C’était une autre élève, c’est tout. Elle aurait pu collectionner les scrouts à pétard, qu’est-ce que j’en aurais eu à faire ? C’était donc sur cette totale indifférence qu’une question avait fusé de ma part sans que j’y pense. En même temps, ça me démangeait de savoir pourquoi elle en mangeait autant. J’aimais bien les plumes en sucres, ce n’est pas pour ça que je me baladais avec un tas de plumes en sucres sur moi, hein !

« Évidemment! C'est les meilleurs amis du monde! Au moins eux s'ils ne sont pas d'accord avec toi tu peux les manger. »

Une expression de stupeur devait sans doute s’être affichée sur mon visage. J’observai les chocogrenouilles et mes dragées surprises ensuite. Elle avait dit cela d’une façon si sérieuse que je n’en revenais pas encore. Est-ce que j’avais bien compris ? Est-ce qu’elle venait réellement de me dire que les chocogrenouilles étaient les meilleurs amis du monde ? Je la dévisageais comme si elle sortait d’une autre planète. Le pire, c’était que je n’avais pas du tout peur, j’étais intriguée. Affreusement intriguée. Et lorsque je devins curieuse, on ne m’arrête plus. Je gardais les yeux fixés sur ses boites. Dans un sens, elle avait parfaitement raison. Les friandises étaient de magnifiques amis. Ils ne pouvaient pas vous trahir eux. Mais d’un autre, difficile d’arracher des conseils de la part de friandises ! Ou de rigoler avec des chocolats, on s’entend ! Je la regardai droit dans les yeux et je lui fis un énorme sourire. Un sourire franc et totalement vrai. Tout ce que je trouvai alors à dire fût…

« Tu n’as pas beaucoup d’amis, toi. »

Ce n’était pas méchant, j’avais seulement dit cela comme une affirmation. J’étais mal placée pour porter des accusations, moi qui n’avais qu’à peine quelques amis dans mon répertoire. En fait, je crois bien que ça aurait pu être parfaitement mon genre de me mettre à raconter ma pauvre vie à une plume en sucre. C’était tellement mon genre que j’en étais à me demander comment c’était possible que ce ne soit pas moi la première à avoir cette réputation. Je la dévisageai une énième fois avant d’ajouter d’un air pensif, plus pour moi-même que pour elle;

« Enfin, c’est certain que tu ne peux pas être trahis par eux. Beaucoup plus facile de leur accorder ta confiance… »

Après une telle remarque, on se doute bien qu’il n’y avait pas la moindre trace d’un simple sourire sur mon visage. Je n’avais jamais été gravement trahi, mais tout le monde à déjà subit de petites trahisons qui blessent quand même. Bien sûr, c’était mon cas à moi aussi. Sachant que je commençais à faire dans le mélodrame, je lui fis un énorme sourire pour… aucune raison. J’avais l’air d’une belle idiote, mais c’était toujours mieux que rien. Je regardai autour de moi. C’était génial comme on avait l’air planté au beau milieu du couloir toutes les deux à ses parler. La vieille dame qui poussait le chariot était partie un peu plus loin et je la suivis du regard, me disant que ma recherche pouvait attendre finalement. Je n’avais plus aucune motivation pour cela, autant se l’avouer. Je me contentai de prendre une autre dragée surprise dans mon sac et de la mâcher en profitant de son goût. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle goûtait, mais ce n’était qu’un détail…

Je ne vous l’avais peut-être pas précisé, plus tôt, mais je m’énervais très rapidement. Surtout, aujourd’hui. Comme je m’étais levée du mauvais pied… Depuis que j’étais toute petite, je m’énervais pour un rien. Tout le monde le savait. Figurez-vous que ce n’est pas un trait de caractère que l’on peut cacher facilement ! Pourtant, pour une fois, je n’eus pas particulièrement l’impression que c’était moi qui avait déclenché les hostilités. Elle avait répondu à mes remarques comme si je l’attaquais personnellement. Sur le coup, je la dévisageai, complètement abasourdie. Je n’avais pas particulièrement l’impression d’avoir été méchante, même que je trouvais que j’avais été particulièrement gentille, moi qui devais faire un effort en plus ! Sur le coup, je décidai que je m’en fichais. Qu’est-ce que j’en avais à faire d’avoir blessé une pauvre gamine de Serdaigle ? Mais, la voir de dos qui osait me dire que mon passe-temps était enquiquiner les gens, ça me donnait des envies de meurtres franchement ! Instinctivement, je serrai les poings et je foudroyais son dos du regard.

« N’importe quoi. Si, moi, j’enquiquine les gens, toi tu te sens visée à la moindre remarque, même pas blessante ! Si j’aurais voulu t’enquiquiner, j’aurais été beaucoup plus cruelle, hein. Il ne faut pas chercher la sorcière où elle n’est pas… »

J’avais dit tout ça sur un ton tellement calme que je me surprenais moi-même. J’avais une très forte envie de la gifler. Surtout que juste avant, elle venait m’accuser de ne pas avoir d’amis. Ce qui était totalement faux. Elle m’avait dit cela comme si je m’étais moquée d’elle. Je n’avais jamais insinué que je fusse meilleure qu’elle. Je n’ai pas tant d’égo que ça ! Je n’avais aucun self-control, j’espère qu’elle n’espérait pas sérieusement que je ne m’énerve pas moi aussi ! Je poussai un très large soupir avant de continuer à parler, avec un ton peut-être un peu moins calme.

« En y repensant, combien je parie que tu aurais réagi totalement différemment à mes remarques sortant d’un autre bouche ? Je l’avoue, je n’ai pas beaucoup d’amis, mais je n’en ai rien à faire que je ne fasse pas une collection de copains, hein. Et puis, j’ai une dernière remarque à te faire… Comment tu oses me juger sur des rumeurs ? C’est franchement immature ! Je… »

J’arrêtai aussitôt de parler. Non pas parce que tout le monde qui était installé dans les cabines proches nous fixait maintenant avec incrédulité. Puisque j’avais parlé assez fort pour qu’on nous remarque, en tout cas. Pourtant, je m’étais arrêtée. J’avais le cœur qui battait un peu trop fort et j’étais comme figée sur place. Non, il n’y avait pas un monstre derrière Elizabeth ou un truc comme ça. La pluie avait commencé à tomber depuis tout à l’heure. Je ne m’en étais pas formalisé, c’était de l’eau ! Voilà que le tonnerre s’y ajoutait maintenant… Le problème, c’était que j’étais toujours terrorisée par les orages. Lorsque je suis à la maison, je vais me cacher dans une pièce sans fenêtre dans laquelle j’attends que l’on me retrouve à la fin des orages. Je n’ai jamais eu aucune raison d’en avoir si peur, mais je ne pouvais tout de même pas les supporter. C’était comme lorsque je croisais un chien, j’en faisais une phobie furieuse. En gros, je ne peux pas voir un chien ni un orage.

Mais, en ce moment, j’étais dans un train. Essayez vous de vous cachez dans un train ! Je tentai de respirer un bon coup pour me relaxer, mais rien à y faire, je restais complètement figée et voilà que je tremblais comme une idiote. Pourtant, sur le coup, je préférais de loin ne pas essayer de bouger. Je restais donc planté à la même place. Je fis quand même l’effort de m’appuyer contre le mur derrière moi. Je ne voulais pas retourner avec les autres Poufsouffles, si on me demandait ce que je faisais ici, je trouvais sûrement une bonne excuse. Pour le moment, tout ce que je trouvais à faire, c’était trembler de tout mon corps en regardant droit devant moi. J’avais complètement oublié la Serdaigle. Elle venait de passer en second plan. Tout ce que j’attendais, c’était que j’arrête d’entendre le grognement du tonnerre à l’extérieur… Et puis, depuis quand il y avait des orages sur le chemin du Poudlard Express ?!